C'est un film seventies, de ces années où le cinéma américain doutait (déjà ?) de l'Amérique, et faisait de ces doutes de beaux films politiques.
Robert Redford, Faye Dunaway. Et Cliff Robertson. Redford est la brebis égarée au milieu des loups, l'homme de la rue victime d'une machination évidemment ourdie au cœur même des services secrets. La puissante CIA. Elle est incarnée par Robertson, dans la peau d'Higgins, cynique et salaud, face sombre de l'Amérique. Redford est l'idéaliste Turner, sorte de Jefferson Smith échappé de chez Capra.
La CIA, la « famille ». Autorisée à tuer. Déstabiliser des régimes étrangers. Sacrifier ce qui doit l'être. Au nom de quoi ?
Scène de fin, morale du film.
Roberston/Higgins : c'est un problème économique. Aujourd'hui, c'est le pétrole. Dans dix ou quinze ans, peut-être plus tôt, ce sera l'alimentation ou le plutonium. Qu'est ce que les gens attendront de nous à ce moment-là ?
Redford/Turner : Demandez-leur !
Roberston/Higgins : non. Quand ça arrivera. Quand ils n'auront plus rien. Interrogez les à ce moment là. Demandez-leur, quand ils auront froid, quand il n'y aura plus d'essence, quand ils commenceront à avoir faim ! Là, ils ne voudront pas qu'on leur demande leur avis. Ils voudront qu'on les ravitaille, c'est tout !
Ravitailler. Par tous les moyens. Rien de neuf : pour que roulent les bagnoles, on transforme des céréales en carburants. Au prix des tensions sur l'usage des sols, au prix d'émeutes de la faim. Tout est possible, si c'est pour ma voiture, ta voiture, nos voitures.
Le film ? Les trois jours du Condor, de Sidney Pollack.
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