Le Journal du Dimanche ne volera pas, cette semaine, les soupçons de complaisance envers le pouvoir qui lui sont parfois adressés. Qu'apprenait-on hier, à la lecture de ce qui passe parfois pour le dominical bulletin de santé de l'Elysée ? Que l'affaire Pérol, au fond, n'en est pas une. « Le monde politique veut tourner la page », titre le JDD, qui a enquêté samedi au Conseil national du PS, où « les ténors du parti avaient d'autres sujets en tête ». C'est dire...
François Pérol, longuement interviewé, prie pour que « maintenant, on (le) laisse travailler ».
Argument répété à satiété par la garde présidentielle : Pérol est l'homme de la situation, et « il faut mieux avoir quelqu'un sur place de compétent et de sûr, car avec les banquiers, on ne sait jamais... ». Pour preuve de sa compétence, Pérol lâche ce morceau d'anthologie dans son interview au JDD :
Question du JDD – Chez Rostchild (la banque d'affaires où pantouflait Pérol entre son passage au Ministère des finances et son arrivée à l'Elysée), vous aviez contribué à la création de Natixis, filiale commune (des Caisses d'épargne et des Banques populaires), qui est un foyer de pertes et, pour certains, de risques considérables.
Réponse de F. Pérol – Exact. J'ai travaillé comme conseil du groupe des Banques populaires et la gouvernance de cette entité s'est révélée inadaptée. Mais vous ne pouvez pas me reprocher de ne pas avoir prévu la crise des subprimes.
On saura donc, grâce à cet épisode et aux pétillantes déclarations du secrétaire général adjoint de l'Elysée, ci-devant patron du nouveau groupe bancaire Caisses d'épargne-Banques populaires, que la « compétence » et la « sûreté » d'un homme de confiance du Président se mesurent non seulement à se montrer incapable de prévoir ce que beaucoup d'autres avaient prévu, mais encore, plusieurs mois après, à accabler son interlocuteur pour l'incongruité déplacée de sa question.
L'homme de la situation ? Il n'a rien vu venir, et promet de recommencer la prochaine fois.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.